DIALOGUE II
Portraits divers
Félie Pastorello-Boidi
Vous ne vous êtes pas contentée des paysages urbains, vous avez aussi extrait des personnages de photos… Travail intéressant, car vous interrogez ces visages, vous tentez d’en percer l’intimité par la couleur très contrastée, alors que les photos sont en noir et blanc. Pouvez-vous parler de cet autre défi qui consiste à passer des gammes de gris, de noir de la photo à ces visages parfois agressivement colorés dans des formats très réduits qui vous obligent à vous fixer sur le seul visage.
Agata Machay
Oui, j’ai tenté d’interroger ces visages, mais avec des hésitations… Avais-je le droit de pénétrer cette intimité ? Etait-il, était-elle encore vivants ? Qu’elle a été leur histoire ? Les couleurs en contraste font partie de cette interrogation…
J’ai pris des visages à August Sander, aussi …
Je précise que les petits formats sont un effet de contrainte spatiale ! Je travaille chez moi, depuis la naissance de Milàn, et manque de place pour de grands formats !
Félie Pastorello-Boidi
J’aime beaucoup l’homme à la casquette. Parlez- moi de ce portrait… Pourquoi lui ?
Agata Machay
La question est difficile, pourquoi certains visages nous accrochent, nous interrogent ? Pour moi, le choix du visage est instinctif.
Il y a des visages sévères et caractériels, d’autres qui sont plutôt sympathiques et souriants, mais aussi des visages marqués par le temps – la mère ouvrière et son enfant d’après Sander - la dureté de l’enfant m’a fortement questionnée.
Je me rappelle avoir rencontré des difficultés à interpréter un des portraits de Sander, « la sœur » (la femme au visage bleu) : visage trop mou, aux traits dilués, mais je devinais quelque chose de fort au plus profond d’elle-même. J’ai du renforcer ses traits, le bleu m’a paru approprié.
L’homme à la caquette est un simple passant. Dans le cas de ce portrait, ce qui m’a intéressée dans la forme picturale, c’est la superposition de deux images (un fond nocturne urbain avec un luminaire et le portrait), avec ces effets translucides où la matière devient plus éphémère et donne l’impression d’avoir un reflet sur une vitre.
Félie Pastorello-Boidi
Les effets du passage de la photographie à la peinture sont très intéressants : en devenant picturaux, les visages gagnent en humanité, me semble-t-il. Serait-ce parce qu’ils sont détachés de leur quotidien ? C’est un effet que j’avais déjà perçu chez Bernard Rancillac qui travaille sur photo de manière très systématique. Peut-être une piste à creuser, sur les rapports photographie/peinture… mais c’est un autre problème !
Portraits divers
Félie Pastorello-Boidi
Vous ne vous êtes pas contentée des paysages urbains, vous avez aussi extrait des personnages de photos… Travail intéressant, car vous interrogez ces visages, vous tentez d’en percer l’intimité par la couleur très contrastée, alors que les photos sont en noir et blanc. Pouvez-vous parler de cet autre défi qui consiste à passer des gammes de gris, de noir de la photo à ces visages parfois agressivement colorés dans des formats très réduits qui vous obligent à vous fixer sur le seul visage.
Agata Machay
Oui, j’ai tenté d’interroger ces visages, mais avec des hésitations… Avais-je le droit de pénétrer cette intimité ? Etait-il, était-elle encore vivants ? Qu’elle a été leur histoire ? Les couleurs en contraste font partie de cette interrogation…
J’ai pris des visages à August Sander, aussi …
Je précise que les petits formats sont un effet de contrainte spatiale ! Je travaille chez moi, depuis la naissance de Milàn, et manque de place pour de grands formats !
Félie Pastorello-Boidi
J’aime beaucoup l’homme à la casquette. Parlez- moi de ce portrait… Pourquoi lui ?
Agata Machay
La question est difficile, pourquoi certains visages nous accrochent, nous interrogent ? Pour moi, le choix du visage est instinctif.
Il y a des visages sévères et caractériels, d’autres qui sont plutôt sympathiques et souriants, mais aussi des visages marqués par le temps – la mère ouvrière et son enfant d’après Sander - la dureté de l’enfant m’a fortement questionnée.
Je me rappelle avoir rencontré des difficultés à interpréter un des portraits de Sander, « la sœur » (la femme au visage bleu) : visage trop mou, aux traits dilués, mais je devinais quelque chose de fort au plus profond d’elle-même. J’ai du renforcer ses traits, le bleu m’a paru approprié.
L’homme à la caquette est un simple passant. Dans le cas de ce portrait, ce qui m’a intéressée dans la forme picturale, c’est la superposition de deux images (un fond nocturne urbain avec un luminaire et le portrait), avec ces effets translucides où la matière devient plus éphémère et donne l’impression d’avoir un reflet sur une vitre.
Félie Pastorello-Boidi
Les effets du passage de la photographie à la peinture sont très intéressants : en devenant picturaux, les visages gagnent en humanité, me semble-t-il. Serait-ce parce qu’ils sont détachés de leur quotidien ? C’est un effet que j’avais déjà perçu chez Bernard Rancillac qui travaille sur photo de manière très systématique. Peut-être une piste à creuser, sur les rapports photographie/peinture… mais c’est un autre problème !